Prendre une assurance vie sur ses parents : une opportunité méconnue au Québec

Très peu de Québécois sont au courant qu’il est légalement possible, sous certaines restrictions, de souscrire une police d'assurance vie sur leurs parents. Cette possibilité demeure largement sous-estimée et méconnue, suscitant souvent surprise et inconfort lorsqu'elle est évoquée pour la première fois. Pourtant, cette stratégie peut être extrêmement avantageuse sur le plan financier, notamment pour ceux qui cherchent à protéger leur patrimoine familial, optimiser la succession ou se prémunir contre des dettes imprévues au décès d'un parent. Si l'idée peut sembler délicate sur le plan émotionnel, en particulier parce qu'elle implique la mortalité d'un être cher, elle mérite néanmoins une réflexion approfondie. Dans un contexte où les familles cherchent à maximiser leur sécurité financière et celle de leurs proches, l'assurance vie sur la tête des parents peut constituer un outil précieux et judicieux, à condition qu'elle soit envisagée avec sérieux, transparence et respect mutuel.
Pourquoi envisager cette option?
Un descendant (fils ou fille) peut, avec l’accord de ses parents, souscrire une assurance vie sur leur tête. Cette protection permet de recevoir, au décès des parents, un capital non imposable. Celui-ci peut servir à couvrir divers frais comme les funérailles, le remboursement de dettes ou encore fournir la liquidité nécessaire pour régler les impôts liés à la succession. L’assurance vie permanente, en particulier, offre des primes fixes et garantit une couverture stable à long terme. Plus la police est souscrite tôt, plus les primes mensuelles seront abordables.
Cadre légal sur l'assurance vie au Québec
Selon le Code civil du Québec, il est légalement possible de souscrire une assurance vie sur la tête d’une autre personne, à condition qu’il existe un « intérêt assurable ». La relation parent–enfant constitue naturellement un tel intérêt. Concrètement, les parents doivent donner leur consentement et signer la proposition d’assurance. Le contrat peut alors être établi au nom de l’enfant comme preneur (titulaire), ce qui lui permet de payer les primes et de désigner le ou les bénéficiaires. Ainsi, à la suite du décès d’un parent assuré, l’enfant recevra le capital prévu au contrat.
Attention toutefois : au Québec, l’Autorité des marchés financiers (AMF) rappelle qu’une assurance vie doit reposer sur un véritable intérêt assurable. Elle ne peut pas être utilisée comme un simple outil de spéculation pour « faire un coup d’argent » au décès d’un proche. Sa vocation est de protéger financièrement les bénéficiaires, par exemple en couvrant les dettes, les frais liés à la succession, ou encore en assurant aux héritiers les ressources nécessaires pour maintenir leur qualité de vie après le décès d’un parent.
Enjeux éthiques
Même si légalement acceptable, cette stratégie soulève des questions éthiques importantes. En effet, elle pourrait être perçue comme une façon de « miser » sur la mort d’un proche. Une transparence totale et une communication claire sont essentielles pour éviter tout malentendu ou malaise familial. Il est crucial d’aborder le sujet ouvertement avec ses parents afin qu’ils comprennent bien vos motivations financières et familiales derrière une telle décision.
Avantages financiers concrets
Par rapport aux produits de placements traditionnels comme les REER ou les CELI, une assurance vie permanente offre certains avantages spécifiques :
- La prestation de décès est non imposable, ce qui permet d’optimiser fiscalement le transfert d'un patrimoine.
- La prime est fixée à l’avance, ce qui évite les mauvaises surprises en cas de problèmes de santé futurs des parents.
- Elle peut aider à protéger les héritiers contre les dettes potentielles des parents
Inconvénients à prendre en compte
Bien que souscrire à une assurance vie sur ses parents puisse éventuellement constituer un avantage financier important, cette approche comporte cependant des inconvénients notables à considérer :
- Plus les parents avancent en âge, plus les primes deviennent élevées, limitant la rentabilité potentielle. Un examen médical sera généralement demandé, donc si les parents ont des problèmes de santé important, il est possible que la police d’assurance soit refusée.
- Si les parents vivent très longtemps, la somme totale des primes payées peut approcher et même dépasser la valeur de la prestation de décès.
- Il est essentiel de bien analyser si ce montant investi dans une assurance vie ne serait pas plus rentable s’il était placé dans des véhicules financiers traditionnels, comme les REER, les REEE, ou autres types de placement.
Conclusion
Souscrire une assurance vie sur ses parents est une stratégie financière à considérer avec attention. Bien que rentable sous certaines conditions, elle nécessite une réflexion approfondie sur le plan financier, légal et éthique. Pour déterminer si cette approche est adaptée à votre situation, consultez un conseiller en sécurité financière qui pourra vous aider à peser les avantages et les risques selon votre réalité familiale et économique.
Cet article a pu être rédigé grâce à la collaboration de Brio Groupe Financier et de Josué Ruel, conseiller en sécurité financière.